Je suis un doux rêveur, idéaliste et humaniste. Certains diraient naïf. Mais, on peut être naïf tout en étant conscient des drames qui se nouent autour de nous. On peut s’enthousiasmer de petites joies simples qui ensoleillent le présent. Peut-on se réjouir de la mort d’un homme ? Je ne le pense pas.
Quelles que soient son origine, la couleur de sa peau ou sa confession, un être humain reste avant tout notre frère ou notre sœur. Peut-on fêter la mort d’un tyran ? la réponse sera sans doute différente. Si cet homme est l’incarnation du mal, on peut être plus nuancé. Mais, qu’est-ce que la notion du mal ? Certains ne verront pas le mal avec les mêmes considérations.
Nous sommes tous conditionnés par ce que nous entendons ou ce dont nous sommes témoins. C’est sur la misère et l’ignorance que germe la haine. Les discours mobilisateurs, le pouvoir de l’argent, la recherche de la domination sont des vecteurs de conflits. Il est plus aisé de s’inventer un ennemi afin de dissimuler sa faiblesse. La peur nous fait chercher des excuses, et parmi celles-ci : c’est toujours de la faute de l’autre. Cet autre qui nous effraie, cet autre qui nous menace réellement ou virtuellement. Alors se déchaînent le feu et la guerre.
Chaque matin, je me réveille avec le chant des oiseaux. Chaque matin, je me réjouis d’être encore vivant. Chaque matin, je pense à ceux que j’aime. Chaque matin, je m’enorgueillis des nouvelles rencontres que je pourrais faire. Je m’enrichis de l’apport de cet autre qui, lui-même, profite de nos échanges.
Et là-bas, au loin, des hommes, des femmes et enfants meurent dans l’indifférence générale et la froideur glaciale des statistiques d’un camp comme de l’autre. Et ce monde-là s’appelle l’enfer. Ceux qui l’on vécu s’en souviennent. Les autres en ignorent encore les souffrances, pérorent à la télévision ou sur les réseaux dits sociaux, comme des étourneaux hallucinés. Je préfère ceux qui volent et enchantent mon jardin. Il serait grand temps de se réveiller.