Un certain 10 mai
Quelle est votre journée particulière ?
Le 10 mai sera pour certains le jour de leur anniversaire, d’autres commémorerons un événement marquant.
Le 10 mai 1981, François Mitterrand était élu président de la République. Après 23 ans de gouvernement de droite, la gauche accédait au pouvoir. Pour beaucoup, cela suscitait un nouvel espoir. Certes, la génération Mitterrand aura connu de grandes réformes, l’abolition de la peine de mort sous l’impulsion de Robert Badinter, l’abaissement de l’âge de la retraite à 60 ans pour les hommes et 55 ans pour les femmes (Lois Questiaux), la réduction du temps de travail à 39 heures hebdomadaires (Lois Auroux), la création de l’impôt sur la fortune (ISF), notamment. La désillusion viendra en 1983 avec l’austérité.
Le 10 mai 2020 aura une autre saveur, bien qu’amère. Elle marque le dernier jour du confinement dans une France divisée. Beaucoup espèrent revenir à une vie « normale » comme avant et retomberont dans les mêmes errements. Ils seront sans doute les plus nombreux :
- Est-ce que le système leur convient ?
- En sont-ils les acteurs ?
- Agissent-ils par routine parce qu’ils éprouvent des difficultés à se remettre en question ?
- N’ont-ils pas d’autres choix ?
- Sont-ils indifférents au point de ne pas comprendre le sens de leurs épreuves ?
Quelques-uns tirent la sonnette d’alarme, soit qu’ils aient été convaincus de la nécessité de changer de modèle avant le confinement, soit que leur opinion à ce sujet ait évolué au fil du temps. Certes, on objectera que parmi eux, il y ait des « nantis », des célébrités, des intellectuels, des politiciens, des militants, en un mot des gens qui vivent à des années-lumière des préoccupations du quotidien. Cela peut être partiellement vrai, mais n’oublions pas que nous pourrions retrouver les mêmes profils dans l’autre camp.
Chacun de nous appréciera la situation selon sa sensibilité. Ne risque-t-on toutefois pas de subir une déviance des mentalités dans notre société ?
Prenons le cas du port de masque. Il est recommandé mais pas obligatoire. Néanmoins, le fait d’en porter un nous conduit à être considéré comme :
- Pestiféré car porteur du virus
- Empathique et bienveillant, refusant, dans le doute, de contaminer autrui
- Discipliné pour éviter de se soumettre à la vindicte ambiante ou aux sanctions
- Anxieux voire terrorisé, voulant se protéger des autres
Et si l’on n’en met pas, ne serait-on pas jugé :
- Irresponsable
- Asocial
- Menaçant
Que dire, par ailleurs, des différentes mesures susceptibles de remettre en cause la vie privée ou le secret médical :
- La prise de température par thermomètre à infrarouge est un dispositif que certaines entreprises ont adopté pour l’admission de leurs employés dans leurs établissements. Une personne pourrait s’y opposer, quelles en seraient les conséquences ? Air France l’appliquerait systématiquement à tous ses voyageurs. Cela se comprend pour ne pas disséminer un virus, mais la prise de température est-elle un élément déterminant ?
- Le signalement par les médecins de cas de patients atteints du Coronavirus pose un cas de de conscience, notamment par son extension aux membres de la famille ou aux personnes vivant sous le même toit ou en contact avec le malade. D’autant qu’il semblerait que cet acte serait rémunéré. Pour certains médecins, le secret médical serait trahi ; la délation contraire au serment d’Hippocrate. La contestation gagnerait le corps des praticiens.
- Avec la généralisation de la 5G passée en catimini par le gouvernement, le projet d’utilisation de logiciels de traçage remet en cause le respect des lois « Informatique et Libertés », et plus récemment de la RGPD (Réglementation Générale de Protection des Données). Qui plus est un signalement collectif autour d’une personne infectée pourrait étendre la surveillance de ses contacts à leur insu par le biais de son téléphone.
Enfin, qui stockerait les données ?
Quelles données seraient réellement stockées ?
Où seraient-elles archivées ?
Seraient-elles sécurisées ?
Qui en aurait accès ?
Combien de temps pourraient-elles être utilisées ?
Ce ne sont là que quelques questions fondamentales et leurs réponses est de nature à préserver ou non notre liberté.
Peut-on alors vraiment parler de retour à une « vie normale » ?
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