Déconfits… à la carte ou au menu
Confinés ou confits, dans les deux cas, il est question de conservation. Néanmoins, en peausserie, confire met dans le bain pour assouplir le cuir. Cela serait nécessaire pour ceux qui l’ont dur, dotés d’une carapace les rendant imperturbables aux souffrances d’autrui. En un mot, les durs à cuir(e). Un cuir plus souple permet de changer aisément de forme. Trop souple ne devient-il pas fragile ?
Manque de peau, retournons à nos fourneaux. Certes, je ne nous prends pas pour de la viande, quoi que le Verbe se soit fait chair et que, dans certaines civilisations, l’anthropophagie fait partie du menu. Les passions sont parfois dévorantes. Nous avons tous le souvenir d’un excellent confit de canard (pas enchaîné) du Périgord noir.
Le confit n’est pas digeste pour tout le monde, mais tôt ou tard on s’y habitue. Il ne laisse jamais indifférent. Les uns se complaisent à le déguster, d’autres y goûteront sans s’y attarder. Quelques-uns, réfractaires à la consommation animale, préfèreront se mettre au vert.
Or, le confit se conjugue merveilleusement aux fruits et aux légumes pour le plaisir de ces derniers. Qui n’a jamais tartiné une confiture d’oranges amères sur des biscottes suédoises avec ou sans beurre, c’est selon ? D’aucuns choisiront le beurre de cacahuètes, sans huile de palme bien évidemment.
Confire des légumes donne un résultat savoureux qui peut rendre addictif. Confire l’oignon à la poêle permet de le caraméliser. L’ail même confit vous donnera une haleine de sécurité pouvant vous affranchir des gestes-barrière.
Lorsque le confit dont nous avons pris appétence sera épuisé, beaucoup seront contrits. Ne pourra-t-on pas dire d’eux qu’ils seront déconfits ?
Mieux vaut parfois être déconfits qu’avoir l’air confit. Le fade ne fait jamais bonne cuisine. L’être affecté n’est pas toujours impactant. Quel sera l’impact du déconfinement ? Serons-nous heureux d’être déconfits, ou déconfinés.
L’inconnu met, de temps à autre, du sel dans la vie, à défaut de piment.
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