Respirez… tant que vous ne manquez pas d’air
Lorsqu’on souffle ses bougies sur un gâteau d’anniversaire, cela symbolise tout autant l’extinction des années passées que la joie d’avoir déjà vécu toutes ces années-là.
Une fois par an, Global Footprint Network (ONG) révèle une date symbolique, le Jour du dépassement, marquant le moment de l’année où l’humanité aurait épuisé les ressources renouvelables de la Terre. Un Atlas de l’empreinte écologique de chaque pays permet de connaitre l’impact des activités humaines sur notre environnement. En 2019, cette date avait été calculée au 29 juillet ; en 2018, au 1er août ; en 1999, elle arrivait le 29 septembre.
Selon cette hypothèse, l’humanité aurait utilisé toutes les ressources naturelles terrestres mises à sa disposition en seulement sept mois. Actuellement, il faudrait 1,8 Terre pour absorber notre consommation actuelle de ressources. En ramenant ce calcul au mode de vie des Français, il faudrait 2,7 Terres pour assurer les appétits de l’humanité.
Si ce Jour du dépassement recule continuellement, c’est que notre surconsommation accroit les dangers qu’affronte notre planète. En 2019, nous avions assisté impuissants aux feux de forêts dévastateurs en Amazonie et en Australie. Les médias tournaient en boucle sur le péril menaçant le poumon de la Terre en stigmatisant la politique ultra-libérale du président brésilien Jair Bolsonaro ; l’hécatombe de la faune australienne créait un choc dans les esprits, même à des milliers de kilomètres. Certains n’hésitaient pas à lier les deux événements. La destruction de la Selva bouleversait le climat, et le réchauffement expliquait la sécheresse dans l’hémisphère sud.
La crise du Covid-19 serait-elle une chance ?
Tous ces faits doivent nourrir notre réflexion. Notre Monde est à bout de souffle. En cherchant à produire plus pour gagner plus, le système économique libéral détruit les ressources naturelles. Il repose sur le consumérisme afin de confiner les populations dans le besoin permanent d’acheter, fut-ce en empruntant pour obtenir à crédit les biens rêvés. Ce rêve est entretenu par le marketing et la publicité. Posséder revient à satisfaire des désirs et des pulsions, l’avoir se disputant au paraître alimentant nos Egos.
Cette quête du bonheur matériel éteint l’esprit de révolte par l’addiction de consommer. En refusant de s’enfermer dans cette spirale, on se met en marge du système, générant la critique des uns ou la moquerie des autres. Avoir plus crée des envies ou des jalousies de ceux qui n’en ont pas les moyens. L’esprit de compétition est un des moteurs du libéralisme. L’émulation et la réussite seront activées par la récompense, l’appât du gain et le manque d’engagement ou de compétitivité sanctionnés. C’est la politique de la carotte et du bâton.
D’après les derniers sondages, 84% des Français voudraient retourner travailler. Est-ce à dire que les Français aiment le travail ? Les raisons sont sûrement plus complexes. Le confinement n’y est pas étranger. Cohabiter dans la promiscuité d’un appartement en famille, cumuler vie privée et professionnelle dans le même espace, faire école aux enfants, cuisiner tous les jours ou endurer une longue solitude rend la vie compliquée pour beaucoup. Nous avons également un besoin irrépréhensible de liberté. Le cumul de la quarantaine et de la liberté contrainte génère des tensions qui nous font préférer le travail à la maison (ou à l’appartement).
Il faudra néanmoins prendre la mesure des changements de comportements que cela impose. Bien visionnaire est celui qui peut prédire la fin de la pandémie que d’aucuns mettent en doute. Force est de constater que le décompte des décès, d’un côté, et les messages gouvernementaux, de l’autre, nous confinent dans un sentiment de peur et de méfiance. Notre mode de vie sera bouleversé durant les prochains mois et il deviendra difficile de faire machine arrière, même si le naturel revient au galop.
Faut-il risquer à tout perdre ou changer de paradigme ?
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