Tout le monde à l’abri, enfin presque
Nous avions connu la guerre totale, la guerre asymétrique avec un ennemi sans visage ; voici la guerre sanitaire contre un ennemi invisible. La seule solution pour le vaincre est la prévention, en évitant sa propagation par le confinement.
Trop habitués à une vie bien réglée, beaucoup avaient oublié ce qu’étaient les souffrances et les privations. L’insouciance les avait confinés dans un confort quotidien. Il me revient en mémoire une phrase tirée de la série « Mission Impossible ». William Windom incarnait un scientifique tchèque exfiltré aux États-Unis. En se lavant les mains, il avait remarqué :
« Ici quand le robinet est celui de l’eau chaude, l’eau est chaude. »
Il stigmatisait ainsi l’indigence des pays de l’est.
Nous ne sommes plus conscients de ce confort, nous ne sommes plus conscients du tout. Certes, tout le monde n’est pas à la même enseigne.
La crise des migrants n’est pour certains qu’une succession d’images télévisées ; pour d’autres des camps sauvages de populations sans papiers errant dans les rues des villes du nord de la France dans l’espoir d’un Eldorado de l’autre côté de la Manche.
Le mouvement des Gilets Jaunes a révélé une fracture profonde de la société française ; il a fait tache d’huile dans d’autres pays. Pourtant, quelques-uns n’en ont retenu que les dégradations de commerces et de restaurants, des samedis de blocages et la violence urbaine entre casseurs et forces de l’ordre. Mais, il n’y a pas de fumée sans feu. Notre société est devenue injuste ; elle a créé des clans, des oppositions, des divisions, des stigmatisations. En jetant les Français les uns contre les autres, des apprentis-sorciers ont brisé le pacte social, l’envie du vivre ensemble, exacerbé l’égoïsme et l’individualisme.
Le Covid-19 est venu jeter un trouble supplémentaire. Perdre notre liberté de circulation peut sembler pour d’aucuns une privation insupportable, mais le confinement est un acte de civisme, de solidarité et de fraternité. Des milliers de personnes vont peut-être en souffrir. N’est-ce pas le prix à payer pour sauver nos vies et celle de nos proches, nos amis, nos voisins et même des inconnus que nous faisions mine d’ignorer ?
Pensons également à ceux qui se sacrifient pour nous soigner ou nous protéger, les personnels soignants comme tous ceux qui assurent la continuité du service public.
« N’ayez pas peur, » disait le pape Jean-Paul II. Bien que n’étant pas catholique, je veux bien reprendre sa prière : « N’ayez pas peur ! » La peur est plus mortelle que les virus. Que cette épreuve guérisse le virus de nos esprits.
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