Et mascarade
L’annonce était attendue, espérée même par certains. L’économie française ne pouvait plus endurer cette incertitude. Le 11 mai 2020 devait y mettre fin, lever les doutes, rendre la liberté aux opprimés du confinement. L’argent public était distribué, mais les recettes ne rentraient plus. Les crédits professionnels avaient été automatiquement reportés de 6 mois ; les crédits personnels sur demande des emprunteurs. Le capitalisme est en panne sèche.
En présentant le plan gouvernemental à l’Assemblée Nationale, le 28 avril dernier à 15h00, le premier ministre n’a pas vraiment rassuré les milieux économiques et financiers, loin s’en faut. Si les écoles rouvrent progressivement sur la base du volontariat des parents, les consignes sont strictes : nombre d’élèves limité, port du masque obligatoire dans les collèges, distanciation sociale. D’ailleurs à quoi bon ouvrir des écoles qui ferment fin juin, alors que le Bac ne donnera pas lieu au traditionnel examen à plancher dans une salle ?
Libérer les parents est la vraie raison afin de leur permettre d’aller travailler. Là encore, les contraintes sont fortes : Le masque dans les transports publics et les lieux fermés, la distance sanitaire observée, et les chefs d’entreprises devront mettre à disposition tous les moyens pour protéger leurs salariés. Le télétravail restera donc la règle, au moins pour les 3 semaines suivants la date de déconfinement.
Car ce déconfinement sera progressif, tout en étant fonction du cas par cas selon la situation des régions face à la contamination et à leurs capacités en infrastructures hospitalières. Rappelons que l’Allemagne compte en réanimation 20.000 lits de plus que la France : 27.000 contre 7.000. Le déficit est l’œuvre de nos chers politiciens depuis 2007 afin de coller aux directives de Bruxelles.
Le 2 juin 2020, un premier bilan sera réalisé. Il permettra de mesurer les résultats de ce déconfinement, étant entendu que seuls certains commerces seront autorisés en respectant des consignes draconiennes qui décourageront nombre de clients. Musées, restaurants, cafés, cinémas et parcs resteront fermés ; les rassemblements publics ou privés seront cantonnés à 10 personnes.
Rien n’indique, en Europe et dans le Monde, que ces tentatives de déconfinement appellent à un retour à une vie normale. En tant que professionnel de la formation, je ne crois pas que nous pourrons nous déplacer en train d’une région à une autre facilement, compte tenu des limitations édictées par les pouvoirs publics et les opérateurs. Je n’ose pas imaginer la situation des transports franciliens qui va constituer un véritable casse-tête pour le STIF. Déjà, en période normale, la circulation en Ile-de-France procédait du calvaire dû à l’hypertrophie d’une région surpeuplée et sous-équipée. Alors, avec un virus toujours actif associé à la peur d’une population sensibilisée par le climat anxiogène ambiant, cela frise l’apocalypse.
Soyons réalistes et penchons-nous un instant sur la problématique. Notre conception sociétale consumériste et individualiste, mondialisée et en rupture avec la nature, que nous avons baptisée environnement est obsolète, nous devons la bannir. À force de nous croire des dieux, nous n’étions que des apprentis-sorciers vaniteux et égoïstes, alors que nous ne sommes qu’une parcelle de micropoussière de l’Univers. Remettons les pendules à l’heure. Prenons la mesure de l’insignifiance de nos désirs de puissance, d’omniscience. Laissons de côté l’arrogance. Regardons avec humilité comment certains se sacrifient pour le plus grand nombre. Applaudissons les initiatives solidaires, mais n’oublions jamais que ce que les autres sont capables, nous le sommes aussi. Soyons acteurs plutôt que spectateurs. Arrêtons de croire uniquement en la Providence. Retrouvons les plaisirs les plus simples. Détachons-nous de notre attraction pour les biens matériels à l’obsolescence programmée. Renouons avec nos racines.
Nous devons réécrire notre histoire, effacer les dettes car quoi qu’il arrive le système financier s’écroule inéluctablement sous nos yeux, seuls les aveugles l’ignorent. Une page blanche nous attend. La vie ne nous offrira pas une deuxième chance.
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