Ou la sortie encadrée
Si Pâques symbolise la Résurrection du Christ, elle se tient une semaine après les Rameaux qui correspondent à la Souccot ou Fête des Cabanes « Soukkah » dans la tradition juive célébrant la « Récolte d’Automne », un Temps de la Joie. L’entrée du Christ dans Jérusalem correspondait donc à cette Fête.
La Résurrection est le Passage de la Mort à la Vie éternelle. Le Sauveur aurait été crucifié le Vendredi Saint et le miracle de sa Résurrection aurait eu lieu le dimanche qui est devenu la Fête de Pâques.
Cette fête de Pâques marque également la fin du Carême.
La pratique du jeûne de Carême interdisait la consommation de viande et d’œufs, l’abondance des œufs au moment du jour de Pâques favorisait leur partage ou leur utilisation forcée. Dans certaines régions françaises, on élabora des pâtisseries riches en œufs pour le dimanche de Pâques.
Afin de donner un relief tout particulier à l’offrande des œufs, en cette période, les œufs seront décorés. Dorés pour les rois, ou simplement peints (tradition qui remonterait à la Rome antique), l’œuf devient un objet précieux. Il sera même utilisé comme monnaie. La coutume de l’échange des œufs au matin de Pâques s’est développée d’une région à une autre au fil du temps.
La tradition des œufs rouges [comme de sang du Christ] que l’on casse le jour de Pâques est plutôt l’apanage des églises orientales (grecque, arménienne, copte) ; ailleurs, les œufs s’habilleront de couleurs diverses, selon un code bien précis ou de motifs variés, comme les » Pysanka » ukrainiens [Source Terroirs of France :http://www.terroirs-of-france.com/francais/magazine/archives/articles/oeuf.htm].
Pessah symbolise le saut ou le passage de l’Ange de la Mort au-dessus des maisons des hébreux pour épargner les nouveau-nés (10ème plaie d’Égypte) ou le « Passage » de l’esclavage vers la liberté. Ce « Saut », après plus de trois cents ans d’installation en Égypte, conduit le peuple juif vers une terre promise et inconnue sous la direction de Moïse. Lors de Pessah, on ne consommera pas d’aliments à pâte levée, toute la vaisselle sera purifiée. C’est le Seder. On sacrifiera l’agneau en mémoire de l’Ange de la Mort. Étrange rapprochement avec l’Agneau Pascal et l’Agneau que nous retrouvons dans l’Apocalypse de Jean. L’Agneau sacrifié, c’est le Sauveur, le Rédempteur, le Fils que Dieu offre aux Hommes et que ceux-ci clouent sur la croix pour leur Salut.
Dans la Fête de Pâques ou Pessah, il est donc question de passage. Ce franchissement ou saut vers l’inconnu pour l’Un Connu. En effet, dans les deux cas La Présence du Créateur n’est jamais loin. Les traditions ouvrent des passages dont les connexions sont parfois plus lointaines que notre imagination pourrait laisser penser.
Nous sommes de Passage sur cette Terre. Confinés ou non, nous passons dans le temps. Le temps ne s’arrête pas ; il est perpétuel. Si le temps s’arrêtait, le Monde s’effondrerait. Nous sommes dans le mouvement ; nous sommes le mouvement. Ce mouvement assure les phénomènes de gravitations. Nous pensons vivre sur du stable, alors que tout ce qui nous entoure est une vibration. Nous pensons vivre sur une Terre ferme, alors que la croute terrestre aurait l’épaisseur d’une coquille d’œuf, si l’on rapportait la Terre à la taille d’une orange.
Nos certitudes ne sont-elles pas des illusions. Ce que nous voyons existe-t-il vraiment ? Ce que nous vivons n’est-il pas un rêve ?
Aujourd’hui, nos sorties sont dérogatoires. C’est la seule réalité de notre confinement. Le passage n’est plus autorisé, il est du moins encadré ; il sera sanctionné, si nous ne suivons pas les directives. La direction nous en est imposée ; les horaires strictement définis. La Passage n’est pas sage ; il ne l’est plus. Suis-je encore un passager du temps ou un voyageur dans ma tête ?
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