Comme avant ?
Depuis plus de trois semaines, j’entends moins de bruits parasites de notre vie moderne ; moins d’avions dans le ciel ; moins de voitures sur les routes ; moins de passants dans les rues ; plus de commerces ouverts ; des restaurants vides.
Quelques bus et des tramways circulent encore.
Les oiseaux piaillent en chœur. La nature reprend ses droits.
Mon boucher a mis un masque, son épouse est à l’abri derrière sa caisse et un film de plexiglas. On désinfecte le clavier du lecteur de cartes après chaque utilisation.
On ne voit plus ses voisins. C’est peut-être courant à Paris, dans ces grands immeubles haussmanniens dans lesquels on se contente au mieux d’un simple bonjour-bonsoir. Connaissez-vous vraiment vos voisins ?
Un million de Parisiens et consorts auraient fui la capitale pour se réfugier dans leurs résidences secondaires de province à l’annonce du confinement. Exode sans bombardement ni tirs d’obus. Un exode contaminé sans doute pour propager par pur égoïsme, diront certains, la maladie chez les autres, ces bons-vivants de la campagne.
Économie à l’arrêt, usines fermées, les travailleurs confinés pour les uns devant leurs écrans travaillent virtuellement, d’autres passent le temps devant d’autres écrans, s’ils ne lisent pas, ne font pas la cuisine qu’ils avaient délaissée ou la leçon à leurs enfants, confinés eux aussi pour qu’ils suivent la classe à distance. Les écoles ont été en première ligne de l’alerte. Il fallait prémunir notre jeunesse et leurs enseignants.
Le confinement dure ; il durera encore ; jusqu’à quand ? Le confinement réveille les failles des uns ou rapproche les autres. D’un côté, on réapprend à cohabiter. On se découvre ou l’on se redécouvre. La vie de famille se forge dans la contrainte, dans le plaisir partagé, le regain d’affection dans le meilleur des cas. Mais, de l’autre côté du miroir, la privation de liberté, l’assignation à domicile, la réclusion jusqu’à une date non déterminée exacerbe les tensions, déchaîne les violences, alourdit les solitudes.
Le confinement laissera des traces tout autant que le virus des séquelles. Les uns pleureront leurs morts, les autres se souviendront de leurs souffrances physiques ou psychiques. Beaucoup n’oublieront pas la peur.
La liberté recouvrée, nous devrons réfléchir, repenser notre monde, refonder notre société. Rien ne devrait recommencer comme à l’identique. Le défi sera de se réinventer pour remettre de l’ordre sur notre planète. Nous devrons apprendre de nos erreurs afin de ne plus les reproduire, cesser d’accuser untel ou untel, les Chinois, les pangolins ou les Martiens. La faute n’est jamais celle de l’autre. La faute est la nôtre. Pour nous rassurer, nous cherchons des responsables partout et ailleurs. Nous perdons du temps et de l’énergie à pérorer, dénoncer, et critiquer encore. Quelle ironie !
Nous sommes les seuls responsables de l’inertie ou du changement.
Alors faisons le bon choix.
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